samedi 23 avril 2011

Nouvelles du Togo.


Merci à Zak, pour tout ce qu'il a fait pour moi mes derniers jours au Burkina et pour ce qu'il entreprend avec Hakili pour améliorer la vie de Bladi, voilà une partie de sa famille, son frère, sa maman, sa femme et ses enfants.




Coucou tout le monde,



Me voilà rendu au Togo depuis presque une semaine.



J'ai quitté Ouaga ou plutôt j'ai fuis Ouaga, car les balles sifflaient ça commençait à chauffer sérieusement.
Je vous fais un petit résumé de ce qui c'est passé quand j'étais encore là-bas.



Tout a commencé le 20 février à Dédougou, un policier passe à tabas Justin Zongo, un élève, pour une histoire de nana. Justin décède à l'hopital quelques jours plus tard. La police sous couvert du gouvernement annonce le décès suite à un palu agravé, puis suite à une méningite!! Des manifs commencent à Dédougou puis dans d'autres villes pour connaître la vérité même si tout le monde la connaît. Pendant les manifs 6 morts de plus dont un enfant de 12 ans d'une balle perdue de l'arme d'un policier. Les étudiants se révoltent, incendient plusieurs bâtiments publics dont le gouvernorat de Dédougou. L'état soutient la version de la méningite!


Autour du 3 avril les militaires se manifestent pour libérer l'un d'entre eux emprisonné suite à une affaires de moeurs. Ils pillent des commerçants pendant la nuit à Ouaga, ils tirent à plusieurs reprisent en l'air pour effrayer la population. Jusque là l'armée de la garde présidentielle reste en place et ne prend pas part aux revendications.


15 jours plus tard dans la nuit du 14 au 15 avril ça devient sérieux, ça chauffe! Plusieurs casernes dont celles de la garde présidentielle sortent les armes. Toutes la nuit jusqu'à 6h00 du matin des coups de feu retentissent. Depuis chez Zak, depuis mon lit même on voit les balles monter dans le ciel, on croit d'abord à un feu d'artifice et très vite on voit que ça vient de la caserne de la présidence. Ils revendiquent des indemnités de logement alors qu'ils sont déjà logés. Ils détruisent des logements de hauts gradés au lance rockettes! Ils pillent de nouveau des boutiques, le président prend la fuite dans son village. Le lendemain il dissout son gouvernement. La nuit suivante les pillages continuent. Personne ne comprend rien tentative de coup d'état ou pas?! Aucun leader ne s'affiche.

Le samedi on part au centre ville en moto prendre la température, on se retrouve devant une foule de gens en colère, pour la plupart des commerçants, les panneaux sont arrachés, un bus est en feu au milieu de la rue, je ne reconnais pas Kwame N'kruma on entend des coups de feu ça craint! Des gens courrent! Pour la première fois je ne me sens pas en sécurité. On apprend qu'ils ont saccagé le siège du parti au pouvoir donc de Blaise Compaoré.


Plus tard au marché, de nouveau des coups de feu juste à côté de nous on voit les gens replier leurs étalages de peur d'être pillé et fuire en courant. Un peu plus loin on passe à côté d'un imbécile en kaki, lance rockettes sur l'épaule qui revient d'une boutique, plus facile pour négocier!!


Depuis je n'ai plus trop d'informations sur la situation au Burkina, j'espère que la population continue d'être épargnée et qu'un jour le peuple renversera cette dictature qui maintient les gens dans la misère. Qui sait peut être qu'un nouveau Sankara se fera connaître!




Masta K et son ami confection de colliers et de thé!! Et le Marché de Korbongou qui s'anime gentillement.


Je suis maintenant à Kpalime à une centaine de km de Lomé la capitale qui se trouve sur la côte atlantique. J'ai passé 3 jours à Dapango première ville au nord, très accueillant. Etrangement personne ne m'interpellent en criant nassara ou yovo. Une agréable surprise! Je visite la ville à pieds il n'y a pas grand chose à faire si ce n'est les maquis mais seul c'est moins drôle! Je rencontre un rasta sur le petit marché, qui me montre son travail. Il fabrique de jolis colliers en bois qu'il pyrograve à l'aide de rayon de vélo chauffé dans la braise, j'ai essayé c'est pas si simple!

2 jours de suite il m'invite à partager le repas avec ses amis. Et nous partons boire quelques calebasses de tchakpalo dans un coin retiré du marché, et à chaque fois c'est une expérience!


Mon dernier jour à Dapango, je suis parti visiter un marché dans un village, Korbongou, à une 20aine de km. Riche en couleur. Mais le marché ne s'anime pas avant 10h00 et avec le Zem(taxi moto) on est arrivé vers 8h00!!


Je continue ma route vers le sud et m'arrête à Niamtougou, le bus est plein et je suis le seul à descendre ici, bizarre!

J'ai envi de visiter un centre artisanal où seuls des handicapés travaillent. Des gens atteinds de la lèpre, de la polio, aveugles et autres. Dommage je ne pourrai pas les voir à l'oeuvre actuellement ils manquent de tissus pour travailler. Mais j'ai quand même l'occasion de discutter avec plusieurs d'entre eux et je peux voir que le centre leur apporte beaucoup,il y a une petite boutique où je peux voir leur travail, les gens ont l'air d'être heureux et bien intégrés socialement. C'est rarement le cas dans d'autres endroits.



Un fauteuil roulant très rudimentaire!


A Niamtougou il ya aussi une cascade à voir, un lieu sacré me dit on. Comme souvent! Un lieu même où il y aurait encore des sacrifices humains!!!


Je pars de nouveau avec un zem, un quart d'heure de piste puis 8km à pieds d'après le guide du routard. En réalité 2 ou 3 km. Paysages vraiment chouettes ça me rappelle un peu les savanes roches en Guyane. On arrive par le dessus de la cascade il n'y a pas d'eau, bizarre on m'avait laissé entendre autre chose! Juste un petit bassin ou un pêcheur tend ses filets. Et l'eau ne donne pas vraiment envi de se baigner ce qui change mes projets! Il y a aussi des centaines de grenouilles qui font un boucan à ne pas s'entendre et le paysage est terrible on domine la forêt et il y a là la nature à perte de vue.



Vue depuis le milieu de la cascade.


A notre retour en ville on s'arrête prendre du tchoukoutou, bière de mil, pour moi semblable au tchakpalo. En fait je crois que le Togo et la capitale du tchouk, à Niamtougou par exemple tu ne peux pas faire 10mètres sans rencontrer une case à tchouk, et tout les 10mètres quand je marche en ville les gens m'invitent à prendre une calebasse. Je refuse d'abord puis me laisse tenté après tout c'est l'occasion de rencontrer la population locale. Du matin au soir les gens en consomment! Heureusement que ce n'est pas très fort car même les bébés ont droit à leur dose de tchouk! C'est vraiment quelque chose de traditionnelle.



Cabane d'un peuhl au milieu de la brousse. Et à droite c'est le tronc d'un baobab assez impressionnant! J'ai mis un mec balaise sur la photo pour que vous ayez une échelle!!


J'ai quitté Niamtougou vendredi pour Kpalime. D'abord en taxi brousse jusqu'à Kara un peu plus de 20km puis un mini bus départ 7h00 arrivée 17h00 22 personnes dans une boîte de sardine sur des routes de m... Autant vous dire que j'étais content d'arriver!!! Et je vous passe pas mal de détails!


Ici il y a pas mal de chose à voir, encore des cascades, le mont Agou 986m d'altitude et des balades en forêt. Un rasta m'a proposé de partir au Ghana voir la plus haute cascade de l'Afrique de l'ouest j'hésite je n'ai pas de visa mais visiblement ce n'est pas un problème. Je vous en dirai plus la prochaine fois de Lomé sans doûte.


Merci à ceux qui continus de suivre le blog, gros beccos, à bientôt au pays du Vaudou!!

mardi 12 avril 2011

Au revoir Bladi...



Les vlà les puits, complètement finis (photo de droite). La margelle mesure un peu plus de 1 mètre de haut, elle est cimentée sur l'exterieur.



Pour info, il faut en moyenne 800l d'eau pour la réalisation du compost. Ca fait les biscotos de remonter ça au seau!



A droite, l'ancien système de clôture. C'est ce système qui a été interdit à cause de la déforestation. A gauche, c'est la clôture de Bladi. Un investissement de 450 000Fcfa soit environ 700€. Coûteux mais nécessaire. C'est tellement sec là-bas que la moindre petite touffe verte se fait avaler par les bestiaux. A l'interieur du grillage vont être plantés des épineux (acacias), qui, avec le temps, formeront une haie vive protectrice naturelle. On a acheté les graines à Ouaga, c'est un "Hakilien" qui va s'occuper des pépinières. Le travail a déjà commencé.



Les femmes entrain de s'occuper du compost...Le compost en région sahélienne, on vous en a jamais vraiment parlé. Pour vous expliquer en bref, il est composé de :




  • 1 fine couche de cendre


  • 1 brouette de matière organique (fumier)


  • bien arroser


  • 1 couche fine de banco (terre argileuse)


  • 15cm de matière végétale (qui trempe depuis 24h dans un bac prévu à cet effet)


  • 1 fine couche de cendre


  • 1 brouette de matière organique


  • bien arroser de nouveau

On répète l'opération (en superposition) de 5 à 7 fois, à la fin le tas mesure environ 1 mètre. On le recouvre de paille pour le protèger du soleil et éviter l'évaporation.


Au départ, le compost est placé dans une fosse de 15cm de profondeur qui permet de mieux garder l'humidité.


15 jours plus tard, on retourne le compost dans une autre fosse, on l'arrose, de cette manière on relance le processus de transformation. Rebelotte 15 jours plus tard...En tout, on retourne le compost 4 fois. 2 mois plus tard, magie: 800kg de compost sont prêt à être utilisé!


A bladi, on a lancé 2 cycles de compost, qu'on retourne à 1 semaine d'intervalle, ainsi, 800kg de compost vont sortir toutes les semaines. Le premier compost arrive à terme dans 1 semaine et demi.


C'est le coeur gros que nous avons quitté Bladi Dimanche matin. Déjà 2mois que nous partageons la vie de ces villageois si chaleureux, mais toutes les bonnes choses ont une fin. Le projet a été réalisé avec succès jusqu'ici. Le plus dur reste à venir, cultiver la terre du diba! Tous nos espoirs sont entre les mains des femmes, mais étant donné leur motivation je suis confiant ça ne peut que marcher! Nous avons fêté la fin des travaux comme il se doit. C'est à dire sans alcool dans un village à 99% musulman. Hakili avait organisé une réunion à 8h00 du matin avec les habitants afin de distribuer les parcelles à 104 femmes. La réunion a commencé à 10h00, normal! Devant chez le chef du village. On est ensuite tous partis au jardin pour montrer à chacune d'entre elles où se situait leur petit lopin de terre. Quelle ambiance dur de transcrire ces moments.



Plan du jardin, en orange c'est les allées, les trois ronds représentent les puits et dans la partie jaune c'est le compost.


Ensuite on a mangé du riz et du poulet chose assez rare pour beaucoup ici, le repas quotidien étant le tô. Un petit match de foot pour digérer en plein cagnard Hakili Afreeca contre les jeunes du village on a pris 3-0 et on a raté 2 pénalty. D'après certains on aurait été marabouté!!

Comme les filles ne peuvent pas se dépenser au foot, elles se dépensent en dansant la Djanjoba (danse traditionnelle) jusqu'à la tombée de la nuit. Je vous raconte pas la poussière que ça dégage, encore pire au bal "poussière" (justement) qui a suivi.








Habitation de Bladi








Là, une vieille nous montre comment filer le coton.




Atelier coton, la pagne bleu qu'on voit derrière et sur la photo de la Djanjoba est le pagne traditionnel Dafing (une des ethnies du Burkina dont Bladi fait partie). Avant notre départ, les femmes en ont offert un beau à Afreeca, ça nous a beaucoup touché.




Issou (à droite) travaille dur sur la parcelle de sa maman...J'ose pas vous dire son âge. (3ans et demi). La semaine suivant l'attribution des parcelles, on a vu du changement au jardin. La terre commence à être retournée partout, chacune pense à ce qu'elle va planter. Bilan du projet, on est content de cette collaboration avec Hakili, on les remercie pour leur disponibilité, leur investissement et si tout va bien, on continue sur le jardin l'année prochaine. Bac de rétention d'eau, pompes pour les puits, du boulot y'en a tout le temps!






Tous les bons chasseurs reconnaitront l' écureuil d'Afrique!! Hein Spud!!
Voilà, Greg est resté à Bladi encore quelques jours, merci à lui de s'être investi dans le projet. Je prends l'avion ce soir pour Lyon et Jo part en balade au Togo, il rentrera en avion depuis là bas.



Merci à vous de nous suivre, on est impatient de vous lire, becs!